À l’occasion du Jour de la Femme 2020, étant moi-même entouré personnellement de femmes faisant carrière en ingénierie, j’ai voulu en apprendre davantage sur la réalité des femmes en TI et sur l’évolution de leur place au sein de notre organisation au cours des 20 dernières années. Qui de mieux placée que Keltouma Simohand, développeuse logiciels depuis 35 ans, dont 12 ans chez Intelerad, pour nous parler de son parcours et de sa vision.

Paul.


Entrevue réalisée par Marie-Pier Therrien

Keltouma, qu’est-ce qui t’a amenée au départ vers une carrière en développement logiciel alors que cette industrie était encore plus méconnue qu’aujourd’hui?

À 17 ans, j’ai reçu une calculatrice programmable comme cadeau de mon frère et j’ai immédiatement voulu comprendre comment cela fonctionnait. Déjà à cette époque, j’avais un désir d’indépendance et de la curiosité à revendre! Quelques années plus tard, je commençais mon baccalauréat en informatique en Algérie. J’ai ensuite eu la chance d’avoir une bourse d’études de l’ACDI afin de poursuivre mes études ici à la Polytechnique Montréal, à la maîtrise en modélisation géométrique.

Comment était-ce à cette époque d’étudier dans un domaine non traditionnel pour les femmes?

Tout d’abord, je me souviens très bien que nous étions deux femmes seulement dans une classe de plus de 100 étudiants. Disons qu’à ce moment, la meilleure stratégie d’intégration au groupe était d’adopter la mentalité masculine. Au fil du temps, les gars oubliaient simplement que j’étais une femme, je faisais partie du ‘’boys club’’ malgré ma féminité. Il faut aussi dire qu’il y avait très peu de modèles féminins en ingénierie, tous mes professeurs étaient des hommes! Heureusement, j’ai toujours eu le support de mes parents et de ma famille face à ce choix professionnel non conventionnel pour une femme. Pour eux, il y a toujours eu une égalité intellectuelle entre les hommes et les femmes.

Comment s’est passée ton arrivée sur le marché du travail? Est-ce que la situation était différente?

Je ne vous cacherai pas que j’ai eu à me battre pour prendre ma place à maintes reprises. Par contre, je reste marquée par mon 1er patron, qui a cru en moi à ma sortie de l’université. Je me souviens très bien de l’entrevue téléphonique au cours de laquelle j’ai senti qu’il me voyait simplement moi pour mon cerveau et mon esprit mathématique, et non en tant que femme développeuse. Je crois que dès ce moment, ça m’a donné confiance que j’aurais une carrière à la hauteur de mes aspirations.

Quelle est la valeur ajoutée selon toi d’une femme développeuse au sein d’une équipe majoritairement masculine?

Je crois que nous apportons une touche féminine dans notre façon de voir certains problèmes, notre sens de l’analyse est aussi construit différemment bien souvent. Ainsi, je contribue au quotidien à faire une différence alors que je travaille sur InteleViewer, qui est au coeur du flux du travail diagnostique pour nos radiologues. Sans tomber dans les stéréotypes, nous sommes également souvent plus à l’aise dans le ‘’multitasking’’ et notre capacité d’empathie est un plus dans la dynamique d’équipe. Le soutien des gestionnaires est évidemment clé et j’ai eu la chance de travailler pour des gens qui croyaient en moi, qui m’ont écoutée et encouragée, notamment depuis 12 ans chez Intelerad.

En temps que femme, qu’as-tu noté comme principaux changements dans le domaine au cours des 30 dernières années?

Il y a définitivement eu une évolution majeure, notamment en matière d’équilibre vie professionnelle et personnelle. De plus en plus de mes collègues masculins s’acquittent de responsabilités familiales et il n’est plus mal vu pour une femme de devoir quitter pour aller chercher ses enfants à la garderie par exemple. Les entreprises comme Intelerad ont mis en place des politiques pour faciliter la conciliation travail/famille, comme les horaires flexibles, le travail à distance, les journées de congé personnelles et plus encore.

Je note aussi un changement générationnel. L’inclusion des femmes dans des rôles non traditionnels se fait de plus en plus naturellement et les mentalités évoluent. Je suis très fière de voir de plus en plus de femmes obtenir des postes clés décisionnels. Bravo à toutes!

En terminant, que dirais-tu aux jeunes femmes qui hésitent à entamer une carrière en développement logiciels?

Il ne faut pas avoir peur de l’aspect technique du travail. Au fond, il s’agit d’aimer la résolution de problèmes avec créativité. Il faut être passionnée, avoir du caractère et faire preuve de persévérance, mais tout ça peut être extrêmement gratifiant. Autre petit truc pour bien s’en sortir: l’humour! Bien des situations peuvent être désamorcées avec de la répartie et de l’autodérision et vous gagnerez rapidement le respect de vos collègues masculins. La programmation vous ouvre toutes sortes de portes, à vous de choisir ce qui vous allume. De mon côté, chez Intelerad, avoir le sentiment de faire une différence dans la santé des gens me donne envie de me dépasser chaque jour!